L’époque où il y avait d’un côté les fournisseurs d’énergie et de l’autre les consommateurs est révolue, surtout en ce qui concerne le réseau électrique. De plus en plus de consommateurs produisent leur propre énergie – par exemple grâce à des installations photovoltaïques. En 2017, le nombre de petites installations photovoltaïques, installées sur des maisons individuelles et des immeubles d’habitation, a augmenté en Suisse de 38 %Office fédéral de l’énergie OFEN 2017 ; Recensement du marché de l’énergie solaire. Extrait de la statistique suisse des énergies renouvelables. https://www.swissolar.ch/fileadmin/user_upload/Markterhebung/Recensement_2017.pdf par rapport à l’année précédente. La situation est quelque peu différente pour les autres réseaux. Le réseau de gaz est principalement alimenté depuis l’étranger. D’ici 2030, la part du biogaz provenant d’installations suisses doit cependant passer de 3 à 30 % de la consommation de gaz destinée à la production de chaleur. Les réseaux de chaleur fonctionnent essentiellement à l’échelle locale et indépendamment les uns des autres.
Le fait que les consommateurs eux-mêmes produisent de l’énergie soulage certes le réseau en évitant le transport de l’énergie sur de longues distances, mais le confronte aussi à de nouveaux défis. Cela est particulièrement vrai pour le réseau électrique, où l’injection et la consommation doivent s’équilibrer.
L’intégration efficace et sûre de ces soi-disant « prosommateurs » – à la fois producteurs et consommateurs – dans les systèmes énergétiques existants est l’un des grands défis d’avenir dans le secteur de l’énergie. Les réseaux énergétiques jouent un rôle clé à cet égard. Leurs systèmes de contrôle permettent de connecter au même système énergétique différents acteurs, ayant des caractéristiques techniques, des possibilités et des objectifs économiques différents. Cependant, à mesure que le nombre de prosommateurs augmente, les fluctuations des volumes de production s’intensifient également : la production d’énergie solaire et éolienne étant dépendante des conditions météorologiques, elle est peu influençable, voire pas du tout. La fiabilité et la robustesse des réseaux doivent par conséquent être accrues. Les smart grids, ou réseaux intelligents, doivent aider à gérer les réseaux de façon flexible, efficace et en fonction de la demande. Les plates-formes numériques assurent un accès efficace aux données et un échange rapide d’informations entre les nombreux acteurs.